La langue française permet à un même mot d’avoir plusieurs sens. Elle mérite que chacun prenne le temps de la maîtriser avant d’en user.

      Ainsi, le sens du mot « sceptique » a évolué avec le temps. Pour les philosophes grecs de l’Antiquité, le sceptique ne nie ni n’affirme rien. Par extension, le philosophe adepte du scepticisme nie la possibilité de la connaissance absolue et il refuse d’admettre une chose sans la soumettre à un examen critique préalable. L’origine de la notion de scepticisme est donc indissociable dès l’origine du dogme partagé par les premiers sceptiques.

      C’est d’autant plus intéressant que de nos jours, une partie de ceux qui se déclarent sceptiques au sujet du phénomène O.V.N.I. partagent toujours un dogme. Qui n’a jamais entendu : « Les O.V.N.I., ça n’existe pas. Pourquoi ? Parce que c’est impossible ! ». Alors que le bon scepticisme doit se nourrir du doute, de la raison, de l’esprit critique, ces éléments sont absents de ce type de discours. Seul l’argument d’autorité est alors pris en compte au détriment de la démarche scientifique et de l’ouverture d’esprit qui devrait aller avec. Cela n’empêche pas certains scientifiques de s’être engagés dans cette voie.

Les autres sceptiques sont ceux qui doutent de ce qui ne leur apparaît pas comme une évidence, indépendamment de leurs éventuelles aspirations et croyances. Ils bannissent tout dogme et examinent les indices, les éléments de preuve, avant de donner leur opinion. Loin de rejeter la réalité du phénomène O.V.N.I., ces sceptiques à l’esprit ouvert se sont saisis du sujet d’une façon la plus neutre possible, tout en étant d’une grande prudence quant à son interprétation et ne perdant pas de vue que, si des explications existent, elles sont sûrement multiples, les modes de manifestation du phénomène étant à la fois complexes et extrêmement divers.

      Le tour d’horizon ne serait cependant pas complet sans les « croyants ». Vous allez dire que le sujet a déjà été abordé puisque nous avons établi que la première catégorie de sceptiques avait adopté une démarche qui relève de la croyance. Il existe cependant une seconde catégorie de croyants, que l’on ne peut en aucun cas qualifier de « sceptiques » : ceux qui pensent avoir en main tous les éléments nécessaires pour établir de façon raisonnable et définitive la nature du phénomène O.V.N.I., les partisans de l’hypothèse extraterrestre par exemple. Ils ont été convaincus par les arguments et éléments de preuve dont ils ont eu connaissance. Certains autres (une autre catégorie ?), moins exigeants en termes de « preuves », ont pu développer leur croyance sans attendre d’étudier le dossier O.V.N.I… Cela s’apparente alors à une croyance religieuse.

      Alors, et vous ? Croyant ou croyant ? Sceptique ? Ou sceptique ?

Par Thierry Gaulin, le 25 février 2018.